Outre ses conséquences énergétiques, qu’il convient d’aborder elles aussi par l’intermédiaire de la nutrition, l’effort physique et de concentration mentale demandé au chien de travail est inducteur de nombreuses modifications du besoin nutritionnel, en relation avec des modifications biologiques liées :
- au stress global de l’exercice physique,
- à une « usure » plus rapide des protéines musculaires,
- au stress oxydatif cellulaire induit sur l’ensemble de l’organisme.
1/ Couvrir le besoin énergétique d’effort
Les facteurs qui influencent les besoins en énergie du chien sont de trois ordres :
- Les facteurs liés au chien lui-même : la taille, la race, le caractère isolant du pelage, la répartition masse maigre/masse grasse, le caractère plus ou moins nerveux de l’individu
- Le type d’effort mis en œuvre : intensité, durée, nombre de répétitions
- L’environnement : conditions climatiques et niveau de stress induit.
L’effort physique réclame un apport équilibré pour les 3 grandes catégories de nutriments :
- des matières grasses (lipides) : principal carburant de l’effort lorsqu’il se prolonge au delà de quelques minutes
- des glucides digestibles : pour reconstituer les réserves musculaires et hépatiques de glycogène au fur et à mesure de leur utilisation dans des phases d’effort intenses
- des protéines : indispensables au renouvellement des cellules musculaires et à la prévention de l’anémie du sportif.
Les proportions respectives de ces trois sources énergétiques peuvent varier en fonction du type d’effort demandé.
Matières grasses
Les matières grasses sont à privilégier dans le bilan énergétique : 1 g de matières grasses fournit 9 kcal d’énergie métabolisable, contre 4 seulement pour 1 g de glucides ou de protéines. Un aliment riche en matières grasses (apportant plus de 50 % des calories sous forme lipidique) permet de ne pas avoir à trop augmenter le volume de ration même lors d’activité d’endurance : chasse, pistage, travail sur troupeau… Un niveau de 30 % dans un aliment sec ne pose aucun problème de tolérance digestive chez le chien.
Au bout de quelques semaines d’alimentation avec un régime de ce type, le taux d'acides gras libres plasmatique augmente. Le volume des mitochondries, sites cellulaires d’oxydation des acides gras dans les cellules, s’accroît dans les fibres musculaires. Enfin la quantité maximale d’oxygène utilisée à l’effort (VO2max) s’améliore. Un régime riche en matières grasses permet donc au chien de retarder l’apparition des signes de fatigue lorsqu’il doit soutenir un effort important..
En revanche, un volume trop important d’aliment à faible densité énergétique compromet les performances digestives et sportives. La capacité de digestion enzymatique se trouve saturée. La qualité des selles se dégrade, diarrhée et coprophagie peuvent apparaître. De plus, le risque de dilatation-torsion d’estomac est augmenté, surtout chez les grands chiens, et ceux qui doivent travailler sans avoir achevé leur digestion : chiens de défense ou de sauvetage.
Protéines
Les protéines représentent moins de 10 % de la fourniture énergétique totale à l’effort. Elles n’en sont pas moins importantes à considérer dans un aliment pour chien actif car l’activité physique crée une forte demande en protéines pour le renouvellement et la synthèse de cellules musculaires.
L'apport protéique doit représenter au moins 25 à 30 % de l'énergie métabolisable de la ration. En cas de carence, une anémie risque d’apparaître, accompagnée d’une baisse de l’hématocrite et d’un affaiblissement des défenses immunitaires.
Le niveau d’apport protéique dépend bien sûr de la qualité des protéines apportées, c’est à dire de leur contribution à la couverture du besoin en acides aminés indispensables. Parmi les acides aminés indispensables en période d’effort, il faut citer :
l’acide glutamique qui joue un rôle important dans la néoglucogénèse, c’est à dire la synthèse de glucose à partir d’acides aminés
le tryptophane qui est un précurseur de la sérotonine, la sérotonine étant un neuro-médiateur pouvant limiter la sensation de fatigue.
Glucides digestibles
Un riche en amidon de céréales tend à favoriser le stockage du glycogène, forme de stockage du glucose, dans les muscles et dans le foie. Le chien utiliser préférentiellement les glucides comme carburant de l’effort. Or cette voie métabolique conduit à la production d’acide lactique qui s’accumule dans le sang et dans les muscles, responsable de fatigue, de crampes voire de lésions musculaires. Un régime hyperglucidique réduit donc la capacité d’endurance du chien.
Un apport glucidique ne dépassant pas 30 % des calories totales est cependant intéressant à considérer pour aider à restaurer rapidement les réserves de l’organisme en cas d’effort très intense. Le riz, source d’amidon très digestible, est à privilégier.
2/ Répondre à une demande accrue
Un fort besoin en protéines
De nombreuses études menées sur des chiens de sport de différents types, ont toutes démontré l’intérêt d’augmenter la proportion de protéines dans la ration du chien de travail. Ce phénomène est avant tout lié à l’augmentation de la vitesse de renouvellement des protéines qui constituent le muscle ; mais aussi à la nécessité pour l’organisme de produire certaines hormones en plus grande quantité (neuromédiateurs par exemple, lesquels sont faits uniquement d’acides aminés, éléments constitutifs de base des protéines), et de reconstruire ses éléments cellulaires détruits par les radicaux libres durant l’effort.
Nécessité d’un apport élévé en antioxydants
L’impact du stress oxydatif est des plus importants chez le chien pratiquant un effort. Toutefois, l’organisme dispose de moyens de défense face à cette production de radicaux libres et peut ainsi, soit lutter contre ceux-ci, soit réparer au fur et à mesure les dommages induits. Ces systèmes de défense sont constitués d’enzymes cellulaires (super-dismutase ou glutathion- peroxydase par exemple), de nutriments antioxydants (vitamine E, vitamine C, sélénium, béta-carotène,…), d’antioxydants dits secondaires, en provenance de l’alimentation (polyphénols, ubiquinone, flavones, etc…)
Dès lors que le stress biologique s’accroît, il devient nécessaire pour le chien de trouver l’ensemble de ces éléments dans son alimentation, ce qui signifie pleinement de les trouver en quantités nettement accrues dans les aliments spécialisés.
Minéraux et oligoéléments mieux adaptés
Pour contribuer à la fois à prévenir certaines pathologies spécifiques, mais aussi à lutter contre les effets de la déshydratation, de nombreux éléments minéraux voient leurs apports rehaussés dans l’aliment. Sans entrer ici dans une énumération fastidieuse, le magnésium par exemple, fera l’objet d’une telle augmentation ; l’effort, associé à une ration enrichie en matières grasses, peut en effet générer une déficience chronique en cet élément se soldant par :
- diminution de l’endurance et de la résistance,
- moindre accoutumance à la chaleur et au froid,
- perte de motivation,
- asthénie associée à des crampes,
- laxité ligamentaire.
De la même manière, des oligo-éléments comme le fer, le cuivre, le zinc, le sélénium ou l’iode seront eux aussi revus à la hausse dans l’aliment spécialisé.
Aides ergogènes de l'effort
Par l’expression « aide ergogène », on sous-entend toutes les substances, méthodes ou techniques qui améliorent, ou sont censées améliorer, la performance sportive ou physique (à l’exception de l’entraînement physique). Le soutien nutritionnel ergogène concerne donc toute substance nutritionnelle qui, introduite dans la ration de l’animal, permettra d’accroître son efficacité au travail ou ses capacités de récupération, sans présenter de risque de nocivité pour lui.Aux rangs de celles-ci, on peut citer
- la L-carnitine, acide aminé qui joue un rôle fondamental pour l’entrée des acides gras dans les mitochondries (éléments de la cellule qui fonctionne comme des centrales de production d’énergie),
- les nutriments antioxydants non vitaminiques (polyphénols du thé vert, lutéine, superoxyde-dismutase du melon, etc…)
- ou des éléments comme la chondroïtine sulfate ou les glycosaminoglycanes (extraits de moule verte par exemple) qui agissent dans la protection des cartilages articulaires soumis à rude épreuve par l’exercice physique.
Efficacité des différentes aides nutritionnelles ergogènes, disponibles sur le marché chez le chien
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Activité
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Posologie
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Produit
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Effort court
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Effort intermédiaire
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Effort long
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Récupération
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Dose quotidienne (par kg)
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Innocuité
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L. carnitine
Acide aspartique
Arginine
Bicarbonate de soude
Diméthyl-glycine
Inosine
L. Tryptophane
Acide ascorbique
Méthylsulfonylméthane
SOD vectorisée
Probiotiques
Octaconasol
Gamma oryzanol
Bioflavonoïdes
Chondroïtine sulfate
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Prévention
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50 mg
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400 mg
1,5 mg
10 mg
5 mg
100 mg
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20 mg
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50 mg
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